L’architecture vernaculaire est née de la relation dialectique entre nature et culture. Elle associe dans un tout indivisible l’ensemble des fonctions humaines au paysage qui les entoure : habiter, travailler, se protéger, se réunir, naître et mourir, « vivre » dans le sens le plus large fonctionnel ou symbolique. L’architecture vernaculaire est souvent synonyme d’architecture indigène et domestique, et qui remplit donc son office par rapport à la culture d’une communauté spécifique. (Entendons ici culture dans un sens anthropologique qui réunit toutes les activités individuelles et communautaires et non les seules activités de l’esprit). Étymologiquement vernaculaire (de verna – esclave) nous renvoie à une opposition entre l’architecture des maîtres et celle de ceux qui sont dans une position servile. Cette position peut être celle d’un peuple soumis collectivement aux maîtres d’un empire, ce peut être plus spécifiquement celles de ceux qui travaillent, et cette référence peut alors conduire, dans la configuration du monde pré-industriel, à identifier l’architecture vernaculaire à l’architecture populaire rurale. En opposition aux architectures dominantes,véhiculées par des pratiques d’hégémonie militaire, religieuse ou politique, ou par la domination d’une culture empruntée à d’autres souches populaires que celle du peuple considéré, il est clair que l’architecture populaire rurale lie à la fonction de l’habitation et à la fonction du travail rural. C’est simultanément une machine à habiter er une machine à produire, mais c’est évidemment bien aussi une machine à penser : de multiples signes qui qualifient les types d’architecture rurale se réfèrent en effet aussi bien aux systèmes de croyances traditionnelles, à la symbolique qui double, voire multiplie l’attachement matériel de la communauté à son territoire.